Pour cette ultime journée de randonnée à Tagong, le ciel nous gratifie de son plus bel azur. Pas un nuage à l’horizon.
Objectif du jour : un lac d’altitude, à 4350 m, au-dessus du complexe monastique de Manijago.
Saut de puce en taxi pour rejoindre le monastère, halte chez Patchen où les nonnes psalmodient toujours les versets du Bardo Tödol (le livre des morts tibétain).
Sitôt quitté la vallée de Manijago, le sentier franchi un col et pénètre un ample vallon : les sempiternels poteaux et lignes électriques ont disparu, pour le plus grand bonheur des photographes.
Signe indéniable d’un espace encore vierge, nous observons un jeune renardeau à l’entrée de son terrier. 50 mètres en amont, la mère surveille attentivement nos gestes. Elle nous suit à distance respectueuse, s’assurant de notre départ.
De rares fermes se dressent au long de notre progression, gardées par de féroces dogues du Tibet. Nous les contournons prudemment, afin d’éviter toute confrontation. Une ligne de crêtes s’étire jusqu’au lac. En la remontant, la haute chaîne du Minya Gongkar (7556 m) se dévoile entièrement. Située à une cinquantaine de kilomètres au sud, elle constitue le plus haut massif montagneux de Chine (excepté les sommets frontaliers de l’Himalaya).
En 1930, l’Américain Terris Moore en fit le tour complet avant de réaliser, le 28 octobre 1932, la première ascension. Exploit hors du commun, si l’on veut bien imaginer les conditions de voyage à cette époque.
Voici le lac, remarquable étendue d’eau cristalline, à 4350 m d’altitude. Sur la rive, un groupe de Khampas s’active. Notre première pensée : ils récoltent le champignon magique (cf l’article du 7 mai « En route pour le pays Khampa »).
Mais à notre grande surprise il n’y a que des femmes, venues de Manijago laver leur linge ! Record d’altitude pour ces lavandières, à faire publier au Guiness… Et à ajouter aux nombreuses activités exigeantes pratiquées par ces robustes tibétaines.
Le linge, étendu sur les buissons, s’étale en grappes multicolores.
Nos belles lavandières en profitent également pour laver leur abondante chevelure : altitude et coquetterie font bon ménage.
A la descente, nous empruntons comme souvent un chemin différent. Bien nous en prend. L’exposition des pentes, largement ensoleillées, favorise l’éclosion d’une flore variée. De nombreuses plantes, chez nous inconnues, font notre bonheur. De rondouillardes marmottes détalent à toutes jambes à notre approche. Plusieurs couples de bartavelles s’envolent des fourrés. Plus tard, maître Renard nous regardera passer avec méfiance.
Il nous reste un dernier col à gravir pour rejoindre Manijago. Des yacks paissent dans les pentes. Surpris par notre arrivée inopinée, des petits veaux courrent en tous sens. Un gros mâle s’interpose : bien campé sur ses antérieurs, tête baissée, mugissant de manière inquiétante, la confrontation ne peut tourner à notre avantage. Nous cessons tout mouvement le temps de lui laisser affirmer son autorité.
Enfin, voici le dernier col de la journée. Les jambes lourdes, nous mettons à profit l’arrivée, à moto, d’un jeune Khampa pour marquer la halte. Les yacks lui appartiennent. Armé d’une fronde maniée avec adresse, il sillonne les pentes sur son deux roues, réunissant les ruminants éparpillés.
Autre signe des temps.
20 ans en arrière, les Khampas paradaient sur leurs petits chevaux nerveux.
10 ans en arrière, ils paradaient sur leurs motos.
Aujourd’hui, ils paradent au volant de leurs imposants 4X4 et autres SUV de luxe : Toyota, Range Rover toutes options, Porsche Cayenne, voire modèles chinois n’ayant rien à envier à leurs homologues occidentaux.
Point commun depuis toutes ces années : le port du chapeau de cow-boy, façon «Stetson».
Inversion des valeurs : nous verrons même un Khampa tirer son cheval attaché à sa moto. Et cette dernière, pour surveiller les troupeaux de yacks, a supplanté au quotidien le fougueux coursier.
A notre arrivée, Patchen nous offre bières et Tsampa à volonté. Nous venons de parcourir 17 km et 750 m de dénivelée à plus de 4000 mètres. Plein les bottes, mais remplis de joie.
j’adore tous les jours partir en voyage avec vos récits et vos magnifiques photos. Bon séjour… continuez de nous faire rêver. Les bretons de la pointe.
Merci de nous avoir fait partager un peu de votre expédition. Mais il va falloir rentrer au bercail pour nous montrer + de photos et nous sommes sûr que Dédé tiendra le « crachoir » des heures durant!!🤣
Et dimanche de 12h à 14h vous êtes réquisitionnés (sauf votre avis contraire) pour nous raconter la suite.
Le repas est prévu
Bzz et bon retour