Ce matin une belle lumière baigne Tagong. Au-dessus de notre hébergement, les toits dorés du grand monastère étincellent au soleil. Jean-Pierre nous entraîne dans une vallée verdoyante, au fond de laquelle se niche la petite Gompa de Ralle. Jean luc, venu trois ans plus tôt avec les élèves de sa classe dans ce lieu isolé, n’en revient pas. La piste en mauvaise terre battue a fait place à une allée cimentée. Même les vastes bâtisses en pierres lui semblent différentes. A dire vrai, les « Algeco » offerts par les chinois fleurissent dans le moindre hameau, au total mépris de l’architecture traditionnelle. Nous touchons du doigt, une fois de plus, les métamorphoses subies par cette région du Tibet.
Seul le temple principal, baignant dans une mystérieuse pénombre, semble demeurer hors du temps.
Le sentier zigzague ensuite entre les alpages. Un petit col : 3900 m… Sur une éminence, flottent quelques drapeaux à prières. Là-haut, on devrait pouvoir atteindre 4000 m. Un record pour André. Le souffle un peu court, nous franchissons les derniers mètres. Les verts pâturages du Tibet s’étirent sous nos pieds, à l’infini. Didier et André contemplent la vue avec sérénité. Notre vieux couple, quant à lui, choisi ce moment pour se livrer à une querelle inopportune. Un désaccord sur des lieux visités par l’un et par l’autre des deux comparses. Chacun voulant avoir le dernier mot. Jean-Pierre finira par concéder : « tu as raison… Mais ce n’était pas là ». Comprenne qui peut.
A la descente, nous aurons tout loisir d’admirer un magnifique vol de vautours. Au moins une trentaine de ces volatiles, spécialisés dans le nettoyage de la nature, tournoient au-dessus de nos têtes.
Un peu plus tard, en longeant un cours d’eau, Didier enjambe accidentellement un serpent de belle taille. Repéré aussitôt par l’oeil de lynx d’André, le reptile s’enfuie en agitant frénétiquement sa queue. Nous immortalisons la scène.
Au final, nous avons parcouru 15 km, pour une dénivelée positive cumulée de 650 m entre 3700 et 4000 m. Une bien belle journée.