Seconde nuit difficile, sans doute à cause de l’altitude, de la déshydratation… et aussi des ronflements !
Réveil hivernal : les collines entourant la ville se couvrent d’un blanc manteau de neige fraîche. Troisième passage à la gare routière, vaste et vide. De nombreux hôtels récents ou en construction, à proximité de la gare, semblent témoigner de la volonté de développement de Litang.
A peine sorti des faubourgs, le bus se hisse à vitesse réduite vers un premier col à 4400 m… évité par un tunnel de presque cinq kilomètres. Le revêtement routier, lisse comme un billard, contraste avec la piste chaotique parcourue à peine cinq ans plus tôt.
Nous croisons de nombreux cyclistes et même des marcheurs lourdement chargés : tous de jeunes chinois en route pour Lhassa. Ils démarrent leur parcours initiatique à Chengdu ou Kunming et parcourent ainsi plus de 2600 km par tous les temps. Sous cette couverture neigeuse, le paysage revêt un aspect fantasmagorique. Même le chauffeur s’arrête un instant histoire d’immortaliser la vue enneigée sur son portable. Les collines vallonnées, couvertes de résineux, rappellent le Vercors ou le Beaufortain. Les troupeaux de yaks en plus.
La route plonge dans la vallée jusqu’à Yajiang (2200 m) avant de gravir le dernier col de la journée. En moins de trois ans, une piste étroite et boueuse a laissé la place à une étonnante succession d’ouvrages d’art. Au lieu de gravir les pentes par de nombreux lacets serrés peu propices au passage des camions lourdement chargés, une succession de boucles et de ponts formant un gigantesque colimaçon passe d’un versant à l’autre de la vallée, ménageant ainsi une pente douce et régulière tout au long de la montée.
Sur le versant opposé, descente très courte car nous parcourons à nouveau le haut plateau tibétain. Arrivée enfin à Tagong (3700 m), le point de chute de Jean-Pierre depuis 22 ans et cœur du territoire des Khampas. L’architecture des maisons marque une rupture : la pierre apparente remplace les murs blancs crêpis à la chaux, donnant au village une ambiance plus austère.
Retrouvailles avec une vieille connaissance : Patchen, digne représentant des anciens guerriers Khampas, dont il conserve la fière allure.
Notre point de chute pour les jours à venir, une demeure rustique appartenant à Patchen, nécessite d’aller tirer l’eau au puits. Nous en profitons pour nous lancer dans une lessive frénétique : nos vêtements ont supporté deux semaines d’efforts physiques, parfois intenses et répétés.
Entre lavage et rinçage, Patchen nous livre quelques trésors de sa collection personnelle : difficile d’y résister.
Au départ de Tagong, Jean-Pierre nous a concocté plusieurs randonnées pour occuper les huit jours à venir. Mais la météo et les dieux décideront de la suite.