Deux jours de transfert pour couvrir les 500 km séparant Shangri La, porte méridionale du Kham de la cité monastique de Litang. Située à 4000 mètres d’altitude, sur l’immense plateau tibétain, dominée par un vaste complexe de temples imposants, voici notre première grande ville où l’influence chinoise perd de son emprise.
Pour la rejoindre, le bus longe plusieurs cours d’eau, au fond de gorges encaissées et arides. A certains endroits, la route partiellement effondrée surplombe la rivière au cours tumultueux : âmes sensibles s’abstenir ! Mais dans l’ensemble, le revêtement parfait et les multiples ouvrages d’art démontrent le degré d’excellence des ingénieurs et ouvriers chinois. Remarque d’André, non dénuée de fondement : cet excellent réseau routier permet de mieux exploiter les ressources du Tibet…
La halte du premier soir dans la petite ville de Xiangcheng nous réserve une belle surprise : la visite d’un vaste monastère, comptant de très belles fresques murales. Malheureusement presque aucun moine ne se montre, donnant l’impression de parcourir un musée.
Le lendemain, réveil matinal (le bus part à 6h), sous un ciel enfin bien dégagé. 4700 m : voici notre premier col et les paysages tant attendus. Sous une lumière éclatante et un ciel d’azur, les collines ondulent à perte de vue. Quelques troupeaux de yaks paissent à proximité de la route, voire déambulent sur la chaussée. Les coups de klaxons énergiques du chauffeur ne semblent guère leur en imposer. De loin en loin, les ruisseaux à moitié gelés forment des étendues cristallines où se reflète le paysage. Le vent agite les nombreux drapeaux à prières ornant de hauts cairns de pierre, sanctuaires improbables dans ces immensités.
Deux cols plus tard, la route plonge vers la vallée, située encore à 4000 mètres, où s’érige Litang. Fiers Khampas aux longs cheveux d’ébène retenus par un bandeau écarlate, femmes drapées dans une robe noire fort seyante recouverte d’un tablier multicolore, moines aux tenues pourpres, tous contribuent à l’ambiance particulière de la ville.
Ici peu de touristes, chinois et encore moins occidentaux. Revers de la médaille : dénicher un hôtel décent s’avère laborieux.
Une fois installés, nous partons à la découverte de la «vieille ville», dont les ruelles tortueuses s’entrelacent au pied du monastère. Parfaitement restaurées (presque trop) elles témoignent de l’intérêt grandissant du gouvernement central de Beijing pour ce patrimoine historique, longtemps méprisé.
Retour dans la ville moderne où se tient le marché au Yarsa kumbu. De son nom scientifique Cordyceps sinensis. Ce champignon qui fagocyte le corps d’une chenille et se nourrit de ses tissus, peut rapporter une somme coquette à ceux capables de l’identifier : jusqu’à 300 euros les 100 grammes. Comme la truffe chez nous. Mais ici, il s’agit surtout d’une valeur médicinale. La saison de la récolte bat son plein, nous en achetons une petite quantité à ramener en France à titre de curiosité.