Ce matin, les dieux nous gratifient enfin d’un ciel dégagé. Retour chez notre hôtesse de la veille pour déguster un succulent bol de nouilles aromatisées : le petit déjeuner version chinoise.
Départ sur un excellent sentier en balcon, agréablement ombragé, surplombant le torrent. Un pont franchi les eaux émeraude, pour rejoindre un chemin fréquenté par de nombreux randonneurs chinois. Il nous faut prendre notre mal en patience, le chemin étroit se prêtant mal au dépassement. A mi-parcours, un restaurant en plein air offre une halte agréable. Nous voici littéralement harcelés par de charmantes chinoises désireuses de se faire prendre en photo avec nous ! Véritable heure de gloire pour les randonneurs endurcis que nous sommes.
La seconde partie de la descente nous réserve une belle surprise. Le torrent plonge dans une gorge étroite, rebondissant en gerbes d’écume. Le sentier le suit un moment, puis s’en écarte pour serpenter à flanc de paroi, au-dessus d’un vide de plus en plus vertigineux. Large à peine d’un mètre, il nous fait penser aux célèbres levada de l’île de Madere. La vue, époustouflante, ne doit pas nous faire oublier d’être attentifs : un écart serait fatal.
Au sortir de la gorge, les eaux claires du torrent se mêlent à celles, argileuses, du Mekong.
Voici Ninong (2060 m), terminus de cette longue descente de 1200 mètres. Notre ami Jiangchu nous attend comme convenu.
En une heure de route le long du Mekong, nous rejoignons Cizhong. Au milieu du XIXè siècle, l’église catholique, cherchant désespérément à pénétrer le Tibet impie, a bâti de nombreuses missions. Les prêtres des Missions étrangères de Paris plantèrent les premières vignes, issues d’un cépage français aujourd’hui disparu, le miel de rose (Rose Honey) réputé pour le vin de messe. Aujourd’hui, il reste de cette époque plusieurs églises et une petite communauté tibétaine convertie au catholicisme. Cizhong offre ainsi une très belle construction romane, entourée de vignes.
Dans le Yunnan, bien des fermiers ont abandonné les cultures traditionnelles pour se consacrer à la vigne, véritable poule aux œufs d’or qui fait gagner jusqu’à 4 fois ce que rapporteraient les récoltes de maïs ou de blé. Mais nous gouterons ce soir uniquement des piquettes sans intérêt. Il nous restera à dénicher une bouteille de Ao Yun, vin rouge réputé de la région de Shangri La, mais semble t’il hors de prix.
André en profite pour s’offrir un soin capillaire bon marché : 20 yuans (2,60 €), le sourire de la coiffeuse en sus.