Passons aux choses sérieuses

Après une nuit rythmée par le passage des camions vrombissants, réveil matinal pour un ultime transfert en voiture. Petite déception, le ciel se montre obstinément gris, comme hier. Le Kawa Karpo, l’une des sept montagnes sacrées des tibétains, persiste à se draper d’un voile de mystère.

Xidang

Une heure plus tard, nous voici à pied d’œuvre, au terminus de la route. Le village de Xidang, autrefois fortifié, voit aujourd’hui défiler les cars de touristes : tous entendent gravir le col de Nazongla (3720 m) pour redescendre au village de Yubeng, au pied des parois du Kawa Karpo.

A l’étonnement de Jean Pierre, venu ici il y a quatre ans, époque ou seuls quelques occidentaux venaient randonner en ces lieux isolés, une longue file de touristes chinois se presse au départ.

Équipés à la dernière mode (Quechua et North Face se taillent la part du lion), âgés de 18 à 60 ans, hommes et femmes se lancent avec enthousiasme sur le sentier. Peu expérimentés, ils n’hésitent pas à prendre «dré dans la pente» pour couper tous les lacets. Sous l’œil un tantinet goguenard de nos quatre briscards : qui veut voyager loin ménage sa monture. Nous les retrouvons pantelant(e)s quelques mètres plus haut et Jean Pierre, avec sa verve coutumière les encourage en chinois. D’ici le col, nous aurons le temps de lier plus ample connaissance avec quelques un(e)s de ces hardi(e)s randonn(euses)eurs.

Au col de Nazongla

André se lance lui aussi dans les pentes de son premier «3700», de son pas habituel. L’altitude nous incommode au demeurant fort peu. En quatre heures, nous avalons les mille mètres de montée.

A mi-pente, les premiers rhododendrons apparaissent. Hauts de trois à dix mètres, ils se parent de grappes de fleurs formant un camaïeu de rose du plus bel effet.

Une longue allée de drapeaux à prières (les célèbres long ta) annonce le col. Le ciel se montre enfin favorable, et les pentes enneigées de la «montagne blanche» se dévoilent à nous. Photos, félicitations mutuelles, il ne reste plus qu’à descendre vers les alpages verdoyants de Yubeng, entrevus 600 mètres plus bas. Jean Luc semble faire une allergie au soleil (effets indésirables du Diamox pris au cours des journées précédentes, pour se prémunir du mal d’altitude ?) Une application d’huiles essentielles miracles et tout rentre dans l’ordre.

À Yubeng, face au Kawa Karpo

Voici notre halte bienvenue. Avec ses coquettes maisons blanches aux fenêtres ouvragées, ses verdoyantes cultures en terrasses d’où surgissent les célèbres «chörten», Yubeng se présente comme un havre de paix, dominé par les parois enneigées du Kawa Karpo.

Cerise sur le gâteau, notre charmant hôtel offre douches (vraiment) chaudes, bières et même couvertures chauffantes !

Depuis la terrasse nous assistons, sereins et enjoués, au coucher de soleil. Le «vieux couple», que constituent Jean Pierre et Jean Luc, s’asticote sous les regards amusés de André et Didier. Leur complicité fait plaisir à voir et entendre.

Ambiance au beau fixe, nous allons dormir trois nuits dans cet Eden, parcourant différentes randonnées avec des sacs légers.

Après cette journée bien remplie, la nuit devrait être bonne.

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